Trois observations d'orques inattendues en une seule semaine en septembre
par firmm Team
Texte: Leonie (bénévole chez firmm), photos: firmm
Certaines personnes restent bouche bée, émerveillées et admiratives. Que ce soit leur apparence intrigante, leurs groupes familiaux guidés par la matriarche ou leur capacité à apprendre, explorer et jouer … quelque chose chez elles nous captive. Les orques éveillent quelque chose au plus profond de tous ceux qui ont la chance de les observer.
Il n'est donc pas surprenant que lorsque l'équipage du firmm Vision a appris, en septembre, que les orques ibériques étaient de retour auprès des pêcheurs, au large des côtes de Tanger, il n'a pas hésité une seconde à s'y rendre. Et nous avons eu la grande chance de les rencontrer à trois reprises en l'espace d'une semaine.
Cette année, les orques ne se sont pas beaucoup approchées du détroit de Gibraltar. L'équipe de firmm avait en effet déclaré qu'il était actuellement très improbable de voir des orques lors des excursions. Les « sorties spéciales orques » de trois heures ont cessé et les bateaux ne se rendent plus vers la chaîne de montagnes sous-marine où elles se trouvent généralement lorsqu'elles viennent dans le détroit.
Cependant, les 10, 13 et 14 septembre, elles auraient été aperçues près des bateaux de pêcheurs au large des côtes marocaines : un groupe d'orques, principalement des femelles avec leurs petits, quelques juvéniles et un seul jeune mâle.
Les mâles distinguent des femelles grâce à leur nageoire dorsale qui est beaucoup plus haute et pointue, tandis que celle des femelles est arrondie et plus courte. On peut également reconnaître un mâle juvénile, car sa nageoire dorsale est encore assez courte, mais néanmoins pointue. La nageoire dorsale des mâles adultes peut atteindre jusqu'à 2 mètres de haut, en fonction de la taille de celui-ci.
C'est en juillet et en août qu'il est le plus probable d'apercevoir les orques dans le détroit de Gibraltar, car elles viennent chasser de thons rouges au-dessus de la montagne sous-marine. En effet, au printemps, les thons rouges migrent en longeant les côtes depuis l'Atlantique vers la Méditerranée pour y frayer. Une fois que les thons ont fini de pondre leurs œufs, ils retournent vers l'Atlantique en s'éloignant davantage de la côte et en passant ainsi au-dessus de la chaîne de montagnes sous-marine située devant Tanger.
A cet endroit, le détroit ne fait que 200 à 300 mètres de profondeur, (comparé au point le plus profond qui fait près de 1 000 mètres), de sorte que cette zone que les marins et les pêcheurs du détroit appellent « la Baja » (« la zone peu profonde »), constitue un endroit idéal pour les pêcheurs marocains et espagnols qui pêchent le thon rouge.
Mais pas seulement, car c'est aussi l'endroit idéal pour les orques qui viennent y chasser le thon, et surtout profiter du travail des pêcheurs. En effet, on y observe régulièrement des orques nager entre les embarcations de pêche et, plutôt que de chasser elles-mêmes le thon, elles attendent que les pêcheurs aient capturé le poisson sur leur ligne pour plonger ensuite sous le bateau et arracher le thon de l'hameçon. On m'a ainsi montré des photos de pêcheurs ayant remonté seulement la tête du thon.
Pourchasser un thon est une activité énergivore. En attendant que les pêcheurs les capturent à leur place, les orques peuvent épargner pas mal d'énergie.
Le groupe d'orques observé n'était pas notre groupe habituel, avec les individus que nous connaissons « Camorro » et « Matriarche », mais un groupe d'orques de la région de Barbate. Katharina et José, biologiste marin chez firmm, estiment qu´il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer la présence des orques au mois de septembre.
Lors des trois sorties il s'agissait toujours du même groupe et il passait la plupart du temps sous l'eau, sans doute pour se nourrir. Il y avait principalement des femelles accompagnées de leurs petits. Il est possible qu'elles prennent le temps d'enseigner aux jeunes comment chasser le thon dans la « Baja » en leur apprenant les astuces et comment profiter des pêcheurs pour se nourrir sans dépenser trop d'énergie. Les jeunes restaient à proximité des adultes et nous avons même vu une orque avec un thon dans la mâchoire.
Une autre hypothèse est qu'il y aurait eu suffisamment de nourriture à proximité de Barbate en juillet et août, ce qui expliquerait pourquoi cette année, on ne les a pas beaucoup aperçus dans le détroit. Elles seraient donc peut-être revenues maintenant parce qu'il manque de nourriture ailleurs et qu'elles recherchaient l'aide des pêcheurs.
Aucun des participants ne savait que nous allions voir des orques. Alors, chaque fois que nous nous sommes approchés de la chaîne de montagnes sous-marines,
Les gens intrigués et enthousiastes, murmuraient entre eux pour deviner ce que nous allions voir.
Et puis, elles étaient là, avec leur typique motif noir et blanc, leurs nageoires dorsales et leur souffle ronds - l'expiration de ces créatures incroyables. Comme toujours, c'était un spectacle magnifique de voir ces orques majestueuses et intelligentes dans leur environnement naturel et un privilège absolu de pouvoir partager un moment leur quotidien. Merci.