Mondrino chapitre 4

par firmm Team

Texte: Anneke Polenski

Depuis 10 ans, nous venons à Tarifa pour rencontrer les baleines et dauphins du détroit de Gibraltar grâce à la fondattion firmm. Nous avons déjà vécu de nombreux, merveilleux et émouvants moments avec ces animaux.

Ce 9 juin 2011 restera extraordinaire et mémorable. Lors de cette sortie en mer, j’ai écu des moments que je n’oublierai jamais: des émotions intenses grâce au cachalot Mondrino.

En 2008, nous avions vu Mondrino pour la première fois. A l’époque, elle se prénommait Pigmento. Mon mari avait fait de très belles photos de son apparition et de sa sonde. Sur les images, ses tâches blanches apparaissaient nettement d’où son nom: Pigmento.

Ce 9 juin 2011, nous ne l’avions pas vu lors de la sortie matinale. Katharina l’avait aperçue la veille. Comme nous n’avions rencontré aucun animal ce matin, firmm nous offrait la sortie de l’après-midi. Malgré notre fatigue et un après-midi prévu à la plage pour se reposer, nous acceptions l’invitation.

Katharina nous emmenait de nouveau à l’endroit où Mondrino s’était montrée avec ses deux petits. En effet, nous étions informés lors de l’embarquement qu’elle était présente avec ses deux jeunes et qu’ils allaient bien. Elle n’avait pas été observée de toute la saison ni aucun autre cachalot. Nous étions donc rassurés car la mer est remplie de dangers notamment pour les petits.

Notre départ le matin était accompagné d’une attitude tendue. Mais c’était un tour à zero à 1%. Pas un seul animal ne se montrait. Malgré cela nous sommes retournés contents. J’avais eu le pressentiment certain qu’elle avait été là.

A cause de notre tour-à-zero firmm nous a invité de faire une autre sortie l’après- midi. Heureusement nous avons décidé d’y participer même si nous venions de quitter le bateau en état de fatigue et normalement avions pensé à un après-midi tranquille à la plage.

L’après-midi était agréable, un arc-en-ciel magnifique se dessinait dans le ciel aux nuages discrets.

Vers 15:45, nous rencontrions nos premiers dauphins. Ils nageaient vers l’Atlantique et nous les suivions parallèlement. Vers 16:00, Jörn nous informait qu’il avait repéré un souffle de cachalot. Ce dernier se trouvait à côté du bateau de la concurrence. En fait, trois baleines étaient présentes. Jörn supposait que c’était Mondrino.

Il expliquait que les baleines allaient plonger, ce qui fut le cas. Apparemment, Mondrino plongeait entre les deux bateaux tandis que les petits étaient visibles pour nous à tribord. En fait, la mère attirait l’attention sur elle pour assurer la sécurité de ses petits. Bien qu’ils fussent éloignés d’elle, il était intéressant de voir des grands dauphins les entourer.

Kälber

Jeunes

Nous suivions le cours des évènements malgré une distance de 300-500 m. qui nous séparait de Mondrino. Elle était toujours coincée entre les deux bateaux qui ne lui laissaient aucun passage. Puis, elle disparut pour réapparaitre rapidement. Elle se dirigeait vers notre bateau, décidée. De nouveau, notre respiration s’arrêtait! Qu’allait-il se passer? Je ne savais pas où aller sur le bateau: regarder à tribord ses petits ou regarder Mondrino qui fonçait droit sur nous? Je décidais d’aller à l’arrière pour observer Mondrino. Je voyais alors son dos bosselé affleuré en surface, elle était très proche du bateau.

Mondrino

Mondrino

Puis, je ne la distinguais plus. Je pensais qu’elle avait plongé pour rejoindre ses petits. Mais Jörn nous expliquait qu’elle était toujours présente. Que faisait-elle?

Qu’allait-il se passer?

Comme un globicéphale, Mondrino sortait verticalement sa tête hors de l’eau (spy-hopping). Le temps semblait figé…Cet échange visuel réciproque me faisait oublier la réalité. Je ressentais des émotions, des sentiments intenses que je ne pouvais décrire. Plus aucune réflexion, uniquement la perception de l’existence durant quelques secondes. Je n’échangerai pas un regard quotidiennement avec une baleine… Bien plus tard, je me posais ces questions: que faisait-elle ici et comment faisait-elle cela?

Elle devait être verticale dans l’eau pour sortir sa tête? Je savais que les cachalots lorsqu’ils plongeaient, levaient la caudale au-dessus de la surface pour rejoindre les profondeurs.

A bord, tous les passagers se demandaient pourquoi elle n’avait pas rejoint ses petits directement? Pourquoi était-elle venue vers notre bateau? Je pensais alors qu’elle connaissait le bateau de firmm et qu’elle le savait inoffensif. Etait-il possible que les cachalots nous paraissant si placides, puissent être aussi agiles que les globicéphales? Ou bien était-ce une attitude propre à Mondrino? Avait-elle employé une tactique?

Elle s’était sentie menacée ainsi que ses petits. Sa tactique de diversion et son comportement faisaient preuve d’une grande intelligence.

Pour information:

Arrivés au port, nous apprenions que le petit bateau nous ayant dépassé était celui de scientifiques. Ils allaient prélever des échantillons de peaux sur les cachalots.

J’étais indignée car des spécialistes doivent respecter les règles d’approche des animaux pour ne pas les stresser et se doivent de les protéger. Les scientifiques s’étaient comportés comme des chasseurs ou des guides de safari et non comme des whale-watchers responsables! Etre scientifique ne signifie pas forcément avoir un comportement respectueux.

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