Curro continue le combat

Texte: Jörn Selling, biologiste de firmm
Photos: Philippe Verborgh et firmm

Peu avant la réouverture de cette saison, Sébastien, Diego, Eduardo et moi nous rendîmes à Barbate pour ramener les bateaux à Tarifa. Quand tout fut prêt pour partir, nous nous rendîmes au bar du Yacht Club afin de trinquer avec une petite bière, pour, entre autre, ne pas être obligés de voir d'autres baleines blessées. Nous en avions déjà vu trop l'année précédente et désirions ne plus avoir à assister à cela.

Heureusement, jusqu'à présent, nous n'avons plus rien découvert d'effrayant. Certes, lors du premier voyage, nous avons trouvé Curro, le pauvre globicéphale mâle, qui fût presque coupé en deux la saison dernière. Nous nous sommes réjouis de voir comme il avait récupéré malgré la gravité de sa blessure. C'était le 6 avril.

Mais le 17 avril, je n'arrivais pas à croire ce que j'étais en train de voir: à 100 mètres apparut un globicéphale noir avec une coupure au même endroit que Curro et avec la nageoire dorsale tombant vers la gauche. D'abord, nous avons pensé qu'il s'agissait d'un autre animal car sa nageoire dorsale paraissait beaucoup plus petite. Nous l'avons revu 7 fois, jusqu'au 18 mai, date à laquelle il a disparu. Au moins, nous nous sommes remis de notre frayeur en voyant qu'il devait s'agir de Curro. Le pauvre lutte encore avec sa blessure qui, depuis presqu'un an, ne cesse de lui causer problème.

Nous nous demandons toujours comment ceci a pu arriver. S'est-il trouvé sous l'hélice d'un bateau à l'arrêt et blessé quand le bateau a redémarré ? On ne peut le démontrer mais on ne peut pas non plus exclure que ce fut par la faute d'un bateau d'observation vu que les lois régulant la profession continuent à mépriser l'activité selon les uns ou les autres. Quoiqu'il en soit, je désire toujours que ne se produisent plus de cas aussi effrayants … l'espoir meurt en dernier.