Les orques vus sous un autre angle

Texte: Melanie Fraundorfer, photos: firmm

Quand on voit les corps fuselés des orques, on se rend de suite compte que ce sont de bons chasseurs. Ces animaux hydrodynamiques et élégants chassent les thons dans le détroit de Gibraltar et c’est à ce moment-là que nous les observons la plupart du temps, à savoir, quand ils attrapent les grands thons affaiblis pris à la ligne des pêcheurs.

Quand nous sommes partis à la recherche des dauphins et des baleines le 21 juillet, nous avons été surpris de trouver les orques plus loin que d’habitude au milieu du détroit de Gibraltar. L’eau était lisse comme un miroir et nous pouvions les voir de loin déjà – et elles n’étaient pas seules. Cette fois-ci, ces bons chasseurs se montraient sous un tout autre jour : elles nageaient paisiblement à côté de deux rorquals. Le jeune montrait de la curiosité et inspectait avec grand intérêt les doux géants. Sa mère, une autre femelle et un mâle l’accompagnaient. La mer était calme, les animaux détendus et nous tous très excités.

   

Pendant leur exploration, la famille des orques s’est aussi approchée avec intérêt de l’arrière de notre bateau et nous a accompagné un peu. Tout à coup, les gigantesques rorquals ont surgis à côté de nous. „Pfouuuhhhh“ – on entendait et voyait le puissant souffle des rorquals à côté de nous. Ils ont respiré trois fois, formé un long dos et replongé pour quelques minutes. Après un moment, nous les avons laissé poursuivre tranquillement leur chemin, mais l’image des rorquals paisibles et des orques intéressés s’est profondément ancrée dans ma mémoire. Quel événement!

   

Commentaire de Jörn
Nous avons découvert les rorquals et les orques presque en même temps, mais à ce moment-là ils étaient encore éloignés d’un mile les uns des autres. Je devais alors prendre une décision, les visiteurs préféraient aller vers les orques, mais les rorquals se dirigeaient vers l’Atlantique. Ils avançaient à une allure  nonchalante, mais il était à prévoir que peu de temps après ils se trouveraient hors de portée. Je me suis donc décidé en faveur des rorquals, ce qui devait s’avérer juste, car les deux espèces se rencontreront ensuite, comme décris ci-dessus.

  

Les rorquals adultes n’ont pas d’ennemis naturels, elles n’ont donc rien à craindre des orques. De plus, dans la région, nous n’avons jamais eu connaissance d’attaques d’orques sur d’autres baleines. Elles appartiennent à l’ordre des chasseurs-piscivores. Raison pour laquelle les rorquals n’ont changé ni leur direction ni leur allure nonchalante. Malgré cela, je bouillais d’impatience quand j’ai vu les orques nager vers les rorquals. Peut-être que la curiosité du petit d’orque les a entraîné. Il arrive très fréquemment que les espèces de cétacés viennent s’inspecter mutuellement et, en général, cela se passe de façon pacifique. Mais des attaques ont aussi été documentées : grands dauphins contre des marsouins (en Ecosse), rorquals contre des orques (ici dans le détroit) et, bien entendu, des orques dans d’autre régions du monde contre des mammifères marins (même contre des dauphins en Afrique du Sud), ces orques-ci appartenant toutefois à l’ordre des chasseurs de mammifères. 

Malheureusement, ce n’était pas possible d’avoir les deux espèces ensemble sur une même photo, car tant les rorquals que les orques plongent beaucoup. Mais pour tous ceux d’entre nous qui l’ont vu, c’était un évènement extraordinaire et unique.